Cet article a été publié pour la première fois par le même auteur sur unmondeautrementvu.wordpress.com le 26 Avril 2028
En mars 2018, la rencontre des enfants qui travaillent dans les carrés miniers à 90 kilomètres de la ville de Bukavu a provoqué chez moi un déclic. Le sourire de leurs visages entonnant des chants de joie après la réussite aux examens scolaires m’a rappelé quelques souvenirs des enfants rencontrés au Burkina-Faso en 2015.
Ceux-ci participent aux animations de la Bibliothèque Sous les Lampadaires. A 20 heures un animateur arrive dans la rue pour partager la lecture d’un livre. A Ouagadougou les associations locales et internationales investissent énormément pour éradiquer le phénomène « enfant en situation de rue » et certaines ont construit des centres d’encadrement et de formation à des métiers. Pourtant certains enfants n’y restent pas. Notre équipe de volontaires permanents d’ATD Quart Monde avait initié des entretiens individuels et nous avions réalisé que chacun avait un rêve particulier.
J’ai fait connaissance de Fiston, qui avait 10 ans. Un matin du mois d’Avril, il nous dit : « il y a une association qui a annoncé aux enfants l’organisation d’une fête, aujourd’hui à 15 heures. Nous avons besoin de recevoir des conseils, de l’éducation et au lieu de ça on nous amène du pain, moi ça ne m’intéresse pas. Les gens pensent que tous les enfants qui se trouvent dans la rue sont difficiles, drogués et incapables de s’adapter en famille. Ce n’est pas vrai, certains se retrouvent dans la rue parce qu’ils n’ont pas d’autres choix ». Fiston avait décidé de rester dans un centre d’accueil après des tentatives d’échec pour un renouement familial.
Il y a un autre enfant de 8 ans qui nous avait demandé de l’accompagner chercher sa famille au village. Florent (volontaire permanent) avait fait environ 100 kilomètres de route avec lui. En arrivant la famille fit semblant de ne pas reconnaître l’enfant. Pourtant les enfants présents dans la cour familiale avaient couru vers lui en l’appelant par son nom. De retour en ville l’enfant était désemparé. Ce jour-là j’ai été témoin de la douleur que la plupart éprouvent dans le parcours de leur vie. Quelques jours après nous avons réussi des liens avec son père qui était parti en Côte d’Ivoire. Il fallait voir la joie de l’enfant après le dialogue téléphonique! En Juillet 2016 j’ai appris que l’équipe l’avait accompagné là-bas pour rencontrer son père. C’était son souhait le plus profond.
Malgré la galère dans la rue rien ne peut enlever à ces enfants l’estimable. Chacun possède un rêve, que les pluies et les vents des nuits les empêchant de sommeiller dans les tunnels et les vieilles voitures ne peuvent arracher. Avant mon retour au pays en juin une dizaine d’entre eux a passé une journée de travail manuel avec nous à la cour aux cents métiers. Chacun m’a confié son rêve : devenir médecin, peintre, cinéaste, acteur de cirque, musicien… et le plus important : regagner sa famille. L’espoir que ce rêve se réalise un jour encourage et apporte le sourire face à la faim et à la soif.
C’est de ces enfants que j’ai appris à trouver au fond de moi la force qui encourage, devant les aléas de la vie qui interfèrent dans la réalisation de son rêve. Penser à eux me permet de tenir pour réaliser le mien. Devant chaque difficulté que je rencontre ce souvenir me donne la force de croire que je peux réussir.
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